Formation continue

Devenir Auteur - Réalisateur vidéaste : formation, compétences, évolutions du métier

Vous aimez écrire des scénarios, observer, filmer, travailler en équipe ? Avez-vous pensé à devenir Auteur - Réalisateur vidéaste ?

Marjory Déjardin Réalisatrice indépendante et Formatrice à GOBELINS nous expose son métier.

tournage vidéo

Quel est votre parcours ?

Je suis Auteure - Réalisatrice vidéaste depuis 17 ans et formatrice à GOBELINS.

Mon premier contact avec une caméra remonte à mes 10 ans avec une caméra d’épaule Hitachi.

Mon oncle avait choisi de me l’offrir contre l’avis de ma mère qui pensait que je ne m’en servirais pas. Il était garagiste et son père lui avait offert ses premiers outils quand il était petit. Il lui semblait donc normal que j’ai les miens.

Et je ne peux que l’en remercier car maîtriser l’image demande du temps et une longue construction intellectuelle. Faire des études ne suffit pas.

Marjory Dejardin auteur réalisatrice

J’ai tout de suite enchaîné en affrontant le monde à mon échelle, équipée de ma caméra, en construisant des narrations et en observant les gens. Ça a été un déclic immédiat !

Plus tard, j’ai obtenu ma licence en cinéma et audio à la Sorbonne tout en me formant au métier de Cheffe opératrice pour maîtriser la lumière et les caméras.

Puis je suis partie pour les États-Unis afin d’intégrer la New York Film Academy et me spécialiser sur certaines caméras, sur la réalisation ainsi que sur la gestion des acteurs.

C’est durant l’un de mes stages techniques que j’ai été débauchée par un Chef opérateur qui m’a proposée de venir travailler avec lui en Grande-Bretagne.

J’ai donc embarqué pour l’Angleterre le lendemain de mon dernier jour d’école. J’ai beaucoup travaillé sur ce que l’on appelle les EPK (Electronic Press Kit), des portraits documentaires d’artistes musiciens destinés à leur promotion.

Ce même Chef opérateur m’a ensuite présentée à l’équipe de l’émission Tracks d’Arte qui m’a testée et embauchée en tant qu’Assistante Cheffe opératrice, et Réalisatrice. 

Je suis passée pleinement “Chef op’” au bout de trois mois et deux ans plus tard, j’étais Réalisatrice.

En parallèle, j’ai écrit et produit mon premier documentaire en format 52 minutes équipée de la dernière caméra du moment, achetée à crédit. 

Posséder ses propres outils procure une indépendance absolument nécessaire pour pouvoir créer.

Pour ce premier film, Femmes en Filigrane, j’ai choisi la thématique du féminisme par la voix de ma grand-mère. Ce qui m’a value d’être sélectionnée au prestigieux FIGRA et de gagner le Prix Jury Jeunes en 2010.

Le rayonnement du FIGRA est tel que des chaînes m’attendaient à la sortie du festival pour acheter mon film. C’est à ce moment que j’ai réalisé que j’avais acquis ma carte de Réalisatrice.

J’ai également reçu un excellent accueil critique du magazine Télérama me confirmant que ma façon de raconter des histoires avait le droit d’exister. 

Plus jeune, j’avais eu la chance de pouvoir accéder aux plateaux de tournage, de jouer dans quelques films et de fréquenter des réalisateurs et des Chefs opérateurs par l’intermédiaire de ma mère.

Elle avait réussi à obtenir un congé de formation d’un an pour se former au métier d’Assistante réalisatrice. 

Un jour, j’ai croisé un Chef opérateur équipé d’une caméra 35 mm sur un plateau. Il parlait et tout le monde était très attentif. J’étais fascinée. 

Quelques temps après, je lui ai dit “plus tard, je ferai ton métier mais mieux que toi”. Finalement, c’est lui qui deviendra mon Monteur sur “Femmes en Filigrane”.

Il me suit depuis mes débuts, il questionne, confronte, me pousse dans mes retranchements avec un regard toujours bienveillant.

Dans ces métiers, il faut pouvoir rencontrer les bonnes personnes, savoir repérer les opportunités mais aussi transmettre ce que l’on sait aux plus jeunes.

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C’est quoi être Réalisateur en 2022 pour toi ?

Il faut être un combattant. Ce sont des métiers de passion mais qui demandent du réalisme.

Les producteurs sont de plus en plus formés en écoles de commerce et n’ont que peu de liens avec le cinéma. 

Il est important de comprendre la façon dont ce système fonctionne et de définir le travail que l’on considère acceptable et qui nous permettra de vivre tout en réalisant nos propres projets en parallèle.

A quoi ressemble ton “quotidien” de Réalisatrice ?

Bien sûr, il n’y a pas de “journée type”.

Comme je le disais plus haut, le quotidien doit savamment s’orchestrer entre les projets qu’on nous commande et pour lesquels on peut nous demander de rentrer dans certaines cases et ceux que l’on mène en toute indépendance.

Il faut avoir un véritable espace de liberté intellectuelle pour pouvoir penser, écrire et fabriquer.

Dans le cas des commandes, on te contacte en premier lieu car on apprécie ta façon de raconter les choses.

Par exemple, j’ai été appelée en juin 2019 pour réaliser un épisode de “L'enquête de ma vie”, une série de documentaires qui traitent de grandes affaires criminelles et diffusée en prime time.

Il s’agissait de l’affaire Treiber, co-réalisé avec Benjamin Malherbe, racontée par le point de vue de Michel Cunault, le Commandant de police en charge de l’enquête.

J’ai réalisé l’écriture en juin et j’ai tourné en juillet lorsque mon fils était en vacances avec son père.

Je fais une parenthèse mais depuis #MeToo, les hommes de ce métier prennent conscience de la nécessité d’adapter les emplois du temps, de faire travailler les gens correctement.

Les choses bougent. Il y a d’ailleurs de plus en plus de femmes qui viennent se former à GOBELINS par exemple et c’est vraiment enthousiasmant.

Je veux pouvoir leur dire que la caméra est une arme et qu’elles peuvent s’en saisir pour raconter ce qui les fait vibrer.

Mais revenons à notre sujet. Être Réalisateur nécessite à la fois une grande culture générale et une grande technicité. C’est pourquoi j’écris, je filme mais je dirige aussi le montage avec des Monteurs et Monteuses d’horizons différents.

C’est important de connaître des personnes avec qui tu aimes travailler pour des commandes mais également pour des projets personnels.

En école par exemple, on peut déjà repérer ces personnes et être amené à travailler avec elles même 15 ans après. C’est un monde de réseau et d’entraide.

Dans le même esprit, il faut aussi respecter celles et ceux qui nous prêtent du matériel car ce sont les mêmes qui pourront nous sauver la mise dans des moments critiques.

En ce qui concerne les projets plus personnels, j’ai eu la chance d’être contactée par Élie Semoun pour réaliser un film sur son père, touché par la maladie d'Alzheimer, et sur lui.

C’est un sujet difficile à aborder en télévision car on ne veut généralement pas voir la maladie car la vie est compliquée pour les aidants. Mais c’est un thème qui montre des combats qui sont aussi des combats politiques et sociétaux.

J’avais un besoin viscéral de l’aborder depuis longtemps. J’avais réalisé des recherches à l’époque avec le Professeur Bruno Dubois mais personne ne voulait traiter le sujet.

À ce jour, et grâce à la collaboration du producteur Alexandre Amiel qui s’est engagé sur ce long métrage documentaire, le film est en post-production avec Vivien Villani à la composition musicale.

Le pari est de voir la sortie d’un documentaire, intimiste sur un sujet si délicat, en salle de cinéma.

Avec mon propre matériel, j’ai suivi leur quotidien durant un an. Leur histoire m’intéressait car ma grand-mère aussi est atteinte d’Alzheimer.

Quelles compétences faut-il pour être Réalisateur ou Réalisatrice ?

Il y a plusieurs types de compétences.

Tout d’abord les compétences techniques, c’est-à-dire la maîtrise :

  • Des caméras en étant à l'affût des derniers modèles et en ayant une connaissance fine des formats de diffusion (HD/4K etc.). Il est vital d’avoir un matériel en adéquation avec les exigences du diffuseur sous peine d’avoir une production déjà obsolète en fin de projet,
  • Des logiciels tels qu’Adobe Premiere Pro pour le montage, Avid Media Composer et Da Vinci Resolve,
  • Des techniques du cinéma : ce que transmet un plan en plongée, contre-plongée ou à la hauteur des yeux, la grammaire du langage filmé...
  • Et de l’anglais, a minima !

Être Réalisateur demande aussi de véritables compétences humaines. Lorsque tu fais du documentaire par exemple, il faut apprendre à observer l’individu, à décomposer ses gestes et sa vision, que tu l’apprécies ou non.

Comme dirait ma grand-mère, “tu connais une personne à la façon dont elle te passe le sel à table”.

C’est au Réalisateur de d’abord scripter son point de vue et de l’adapter ensuite, pour révéler les gens qu’il filme.

Quel est l’équipement de base du Réalisateur ?

En ce qui me concerne, je possède environ 20 000€ de matériel répartit comme suit :

  • Une caméra de poing FS7 4K HDR de Sony,
  • Un micro caméra Sennheiser,
  • Un micro Haute Fréquence (HF),
  • Un pied Sachtler,
  • Un kit lumière complet,
  • Un ordinateur,
  • Des disques durs externes pour les sauvegardes.

J’ai acheté ma première caméra professionnelle trois ans après avoir démarré, puis j’ai acheté un pied, puis j’ai revendu ma première caméra pour acheter un modèle plus avancé...

Marjory Dejardin et Muriel Robin

Quelle formation recommandes-tu pour devenir Réalisateur ?

La formation “Tournage et montage avec des moyens légers” de GOBELINS est une très bonne formation car très complète par exemple.

En 29 jours, elle donne d’excellentes bases du métier.

La formation “Smartphone en tournage et montage vidéo” que j’anime est aussi très intéressante car elle permet au plus grand nombre de raconter une histoire par l’image à peu de frais et avec un outil simple à prendre en main. Idéal pour communiquer sur les réseaux sociaux !

Les stagiaires peuvent facilement avoir un rendu directement diffusable et au format des supports de broadcasting tels qu’Instagram.

Avec des logiciels comme Filmic Pro ou KineMaster, le montage peut s’effectuer depuis le téléphone sans intermédiaire.

Avec des bases en diffusion et de la confiance, ils deviennent libres très rapidement et produisent de l’image suivant leur sensibilité ou leur milieu professionnel.

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As-tu un fait marquant / une recommandation à nous partager ?

S’il y a bien un Réalisateur qui m’a vraiment touchée par son rapport à l’image, sa narration et son humanisme, c’est David Lynch. Il a un côté libre que j’adore et a réalisé Elephant Man, mon film de chevet.

J’ai eu la chance de le rencontrer durant un tournage pour Arte lorsque j’avais 27 ans. Je lui ai demandé s’il pouvait écrire un mot sur un livre afin de me donner des conseils en tant que jeune Réalisatrice.

Il a écrit : “Stay true to the idea and your voice”.

C’est ce qui a été le déclencheur pour réaliser “Femmes en Filigrane”.

Puis je lui ai demandé une photo sur laquelle on voit sa main posée sur mon épaule et ses doigts croisés. Je lui ai demandé pourquoi et il m’a répondu “Je croise les doigts pour ton avenir”.

Sinon, j’ai bien sûr été beaucoup marquée par le documentaire sur ma grand-mère mais aussi par “Le philosophe et les Croyantes”, un autre documentaire personnel auto-produit.

J’y ai suivi 5 Grands-mères, de 5 pays et de 5 religions différentes afin de comprendre leur foi, leur vision du monde, leur point de vue sur la condition des femmes et sur l’homosexualité entre autre.

C’est un film qui m’a transformée personnellement. Il a été vendu dans de nombreux pays mais pas en France par exemple. Il a déchaîné les passions, si bien que j’ai parfois été agressée durant certaines projections.

Un conseil à donner à un futur Réalisateur ?

Je vais citer David Lynch à nouveau et réinsister sur la nécessité de dissocier travail “alimentaire” et projets personnels.

Soyez en accord avec ce qui vous meut car c’est un métier passionnant et dévorant.

Faites la part des choses et demandez-vous ce que vous souhaitez laisser derrière vous comme images mais aussi comme idées.

Marjory Dejardin et David Lynch

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