Devenir Directeur de la Photographie / Chef Opérateur

Découvrez le métier de directeur de la photographie (ou chef opérateur) avec Pascal Sentenac, enseignant en formation continue à GOBELINS depuis plus de trois décennies.

Plongée dans l’univers d’un passionné de l’image.

Photographie
Crédits © Pexels - Kaique Rocha

Quel est votre parcours ?

Je travaille dans l’image depuis plus de 30 ans. J’ai démarré au milieu des années 80 en tant qu’ingénieur de la vision et technicien vidéo à la Société française de production où je suis resté trois ans.

J’avais été contacté par Maurice Fellous, un chef opérateur connu pour son travail auprès de Georges Lautner sur Les Tontons flingueurs, Les Barbouzes ou le Pacha.

Maurice était bien sûr très compétent avec des caméras film mais moins avec des caméras vidéo qu’il commençait à utiliser. Je l’ai donc aidé à acquérir cette compétence et lui, en échange, m’a initié au film. Je suis devenu son assistant.

Pour acquérir le maximum de connaissances, j’ai suivi le cursus de l’Ecole nationale supérieure Louis-Lumière en 1985 en cours du soir pendant trois ans. En parallèle, j’ai commencé à enseigner la prise de vue à GOBELINS.

Après plusieurs années passées en tant qu’assistant opérateur, je suis naturellement devenu chef opérateur dans les années 90 sur des courts métrages, des documentaires et surtout pour des magazines de télévision et je n’ai plus vraiment arrêté depuis.

Devenir Directeur de la Photographie / Chef Opérateur

Pourquoi avez-vous choisi de devenir directeur de la photographie/chef opérateur ?

Je cultive depuis toujours une passion pour la lumière et l’image en général et pour le cinéma en particulier.

L’image peut parfois exprimer beaucoup plus ou autre chose qu’un dialogue ou qu’un commentaire.

C’est pourquoi j’essaie d’aller plus loin aujourd’hui en explorant d’autres modes narratifs comme de la vidéo pour des spectacles, des installations vidéo ou de la photographie.

Dans tous ces domaines, l’image est toujours là, sous des formes différentes mais elle exprime toujours quelque chose et c’est cela qui me passionne.

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Qu’est-ce qu’un directeur de la photographie/chef opérateur ?

Le directeur de la photo (ou chef opérateur) est une personne qui possède une technicité qu’il met au service d’une narration.

Le métier a beaucoup évolué, surtout avec la démocratisation du matériel. Le prix de nos outils a beaucoup diminué, ce qui nous permet maintenant d’obtenir une image de qualité à des prix raisonnables. Un amateur averti peut même faire, aujourd’hui, de la fiction avec un appareil photo.

La lumière a aussi fait sa petite révolution avec l’apparition des LEDs qui ont considérablement réduit le temps de préparation de l’éclairage et donc de tournage.

Pour autant, on nous demande de plus en plus d’être très polyvalent en TV et de pouvoir mener des interviews seuls, équipé d’une ou deux caméras, d’éclairer, de faire le son et même parfois de piloter des drones.

Personnellement, je ne suis ni journaliste ni monteur et je considère que j’ai déjà beaucoup à faire rien que dans le domaine de l’image.

C’est pour cela que je forme des opérateurs de prise de vues car, pour moi, c’est un métier à part entière. L’apprendre est déjà un vrai challenge en soi.

Comment se déroule un projet type ?

C’est entièrement dépendant du format sur lequel on travaille.

Pour de la fiction ou un court métrage, la chronologie est généralement la suivante.

Un réalisateur m’appelle pour me présenter un scénario que je vais lire et pour lequel je vais commencer à imaginer un univers visuel.

Nous allons ensuite nous rencontrer. Il va m’exposer son point de vue esthétique et je vais juger si je le comprends et si je suis d’accord avec ce qu’il souhaite exprimer.

Si on est en phase, le projet peut démarrer et mon travail sera de mettre en oeuvre les moyens techniques nécessaires afin d’obtenir l’esthétique désirée.

Cela peut passer par des visites d’expositions mais aussi parfois par des visionnages de films durant lesquels on affinera la communication entre nous puis finalement par les choix de cadrage, de découpage et d’éclairage.

Pour un magazine de télé, il y a deux cas de figure possibles :

  • Le magazine qui démarre et pour lequel on pourra potentiellement concevoir la charte,
  • Le magazine déjà implanté. Ici, on travaillera à partir d’une charte existante à laquelle on ne pourra pas déroger.

Nous adapter fait pleinement partie de notre métier. Un jour, on peut vous appeler pour une émission de divertissement pour M6 et le lendemain pour Des Racines et Des Ailes. Ce sont des esthétiques et des méthodes de tournages qui n’ont rien à voir

Il faut savoir changer de costume, c’est ce qui différencie les professionnels des amateurs.

Notre métier c’est avant tout de traduire l’esthétique des autres. On peut apporter un regard en fiction ou pour le démarrage d’un magazine par exemple mais toujours avec l’accord du réalisateur ou de la production !

Le plus intéressant finalement, c’est de se contraindre à travailler sur des esthétiques avec lesquelles on est peu familier. Il faut savoir trouver le ludique partout, sinon il vaut mieux faire autre chose.

Quelles sont les compétences indispensables du directeur de la photographie/chef opérateur ?

D’emblée, je dirai être synthétique pour pouvoir extraire l’idée originale d’un scénario, aller à la source de ce que souhaite raconter le réalisateur.

Il faut aussi être curieux de l’image sous toutes ses formes (peinture, photographie, sculpture), faire preuve d’humilité, et surtout, être rassurant.

Savoir gérer son stress est fondamental car toutes les décisions prises durant un tournage sont irrémédiables, on ne peut pas revenir en arrière comme lorsque l’on réalise un montage par exemple.

Des compétences techniques sont bien sûr nécessaires mais l’objectif final est d’avoir suffisamment de connaissances pour pouvoir les oublier et les mettre instinctivement au service de la narration.

C’est un peu comme apprendre à conduire finalement. Au début on débraye et puis au bout de quelques heures, on n’y pense même plus. La technique est faite pour être oubliée...

Ex-machina Pascal Sentenac
Ex-machina Pascal Sentenac

Quelle formation recommandez-vous pour devenir directeur de la photo/chef op’ ?

Lorsque l’on part de zéro, la meilleure option est d’opter pour un BTS audiovisuel, de préférence dans une école publique pour s’assurer de la qualité et de la validité du diplôme.

Après, les BTS des écoles Louis-Lumière, de la Fémis ou de l’INSAS en Belgique permettent d’aller plus loin.

Ensuite, lorsqu’on a déjà un pied dans le métier, de près ou de loin, et qu’on souhaite monter en compétences, la formation continue est une excellente opportunité.

Dans quelles formations intervenez-vous à GOBELINS ?

J’enseigne pour la filière Vidéo tournage, dont la formation Tourner avec les caméras professionnelles.

Les formations possèdent un socle commun de culture technique. Ma méthode est de partir du général pour arriver au particulier.

Concrètement, je ne m’intéresse pas spécifiquement à une caméra car le matériel évolue très vite. Je familiarise plutôt les stagiaires à des disciplines comme la physique, l’optique ou l’électronique afin de faciliter leur prise en main de tout type de matériel par la suite et quelles que soient les évolutions.

Comme je l’évoquais plus haut, j’y enseigne la technique mais pour la mettre avant tout au service de ce que les stagiaires ont à raconter.

Mon but est qu’ils aient la maîtrise de l’outil pour pouvoir s’exprimer avec l’image le mieux possible.

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Quel salaire touchent le directeur de la photographie et le chef opérateur ?

Globalement, les chiffres bougent peu. Avec un statut d’intermittent, un chef opérateur de magazine télé peut espérer toucher entre 260 et 300€ bruts par jour.

Pour le directeur de la photographie, le salaire se situe plutôt à 350€ bruts.

Comme beaucoup d’autres secteurs, le réseau compte énormément. Il faut pouvoir y entrer, connaître les personnes qui penseront à toi quand émergera un projet.

Il faut être un minimum armé et surtout très compétent pour exercer ce métier. Les chances d’y accéder ne sont pas légion et la moindre erreur peut être fatale pour une carrière.

Quel est le projet le plus marquant sur lequel vous avez travaillé ?

Probablement Le Grand Tour, une émission de télévision présentée par Patrick de Carolis et diffusée de 2012 à 2014 sur France 3.

C’était la période de l’arrivée des caméras grands capteurs à la télévision et de l’apparition des LEDs pour l’éclairage. Les outils changeaient, permettaient d’inventer de nouvelles choses pour la télé et d’obtenir une image très cinématographique. C’était très stimulant.

Mais mon vrai plaisir aujourd’hui c’est de travailler dans des domaines où mes collègues n’ont pas l’habitude d’aller. Travailler avec des metteurs en scène de théâtre, des artistes plasticiens, des sculpteurs, des musiciens, permet d’aller plus loin, de trouver de nouvelles choses et surtout d’inventer de nouvelles formes.

Avez-vous un conseil à donner aux débutants ?

Au risque de me répéter, il faut être curieux des images, de toutes les images. Aller voir des expos photo ou de peinture, s’intéresser au cinéma, au documentaire et à ce que font les autres artistes d’une manière générale.

La façon dont les peintres se servent de la lumière, par exemple, nous apprend énormément pour l’éclairage de scènes de cinéma ou de documentaires, de même que les choix de cadrages de certains photographes sont riches d’enseignements.

Quels artistes ou œuvres souhaiteriez-vous partager ?

Parmi les travaux sur l’image que je trouve très intéressants, il y a d’abord ceux de certains chefs opérateurs ou directeurs de la photographie :

Ainsi que des photographes :

Et des peintres moins célèbres :

Vos contacts pour la formation professionnelle

Bianca Rabascall

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Chargée de clientèle formation continue vidéo et son

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Portrait Laetitia Denoyelle

Laetitia Denoyelle

Responsable commerciale formations sur mesure

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